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François, pèlerin d'Espérance
Chaque année et plus encore en cette année jubilaire, des pèlerins prennent la route vers Rome, n'emportant avec eux qu'un sac à dos pour unique bagage. François Pollart, jeune professionnel Flinois de 24 ans et Flinois a parcouru 2100 km à pied vers Rome

francois P 1 francois P 1  Chaque année et plus encore en cette année jubilaire, des pèlerins prennent la route vers Rome, n'emportant avec eux qu'un sac à dos pour unique bagage.

François Pollart, jeune professionnel en droit, de 24 ans et Flinois d'origine a parcouru 2100 km à pied, en 74 jours (12 Mars au 23 Mai) pour arriver à Rome. Partant d'Arras, en passant par la Suisse, traversant la route d'Assise, le Vatican, il nous raconte sa très belle et riche expérience. 

 

D'où t'es venu l'idée d'aller jusqu'à Rome à pied? Y avait-il un déclic précis ou un besoin intérieur qui t'a poussé à partir?

Après mes études, je voulais faire un voyage mais je n'avais pas trop d'idées sur l'endroit. Des amis m'ont parlé d'un chemin balisé pas très connu: "la via francigena".

J'ai travaillé pendant un an et demi et à la fin de mon contrat, j'ai acheté la credenciale; c'est un carnet pour obtenir le statut de pèlerin lorsque tu fais cette démarche; et je me suis mis en route.

Ce qui m'intéressait était l'aspect culturel mais aussi religieux: l'année jubilaire venait de s'ouvrir au moment où je termine mon contrat de travail et j'avais l'objectif de passer les portes saintes. J'avais aussi cette quête personnelle de sortir de ma zone de confort, ne plus être esclave d'un quotidien trop confortable. J'avais besoin d'y voir plus clair.

 

Comment tes proches ont-ils réagi à ce projet?

Dans l'ensemble, ils ont plutôt bien accueilli ce projet, même si beaucoup avaient du mal à y croire: partir à pied et seul leur semblait irréaliste. Mes amis, eux, ont trouvé ça positif: nous sommes d'une génération qui aime se lancer dans des projets un peu fous avant de se poser. Mes parents, sans me le dire au début, étaient inquiets.

 

A quoi ressemblait une journée type pour toi?

Mes logements étaient beaucoup en tente ou chez l'habitant. Et en Italie, j'ai dormi dans des ostellos (ce sont des bénévoles qui se rendent disponibles pour accueillir les pèlerins). Mes journées commençaient à l'aube, avec un départ vers 7h. je marchais d'une traite, avec une pause de 30 minutes pour le repas) et parcourais en moyenne 27 km. J'arrivais en milieu d'après-midi, le temps de m'installer, de préparer l'étape suivante et donner des nouvelles à mes proches. Je me couchais à 20h pour recommencer le lendemain.

 

As-tu vécu des difficultés et l'envie d'abandonner?

La première a été la solitude, surtout en France où, en plein saison printanière, je croisais très peu de pèlerins. Heureusement, des amis venaient parfois marcher avec moi. La deuxième épreuve était une blessure au talon qui a entraînée des examens médicaux avec le médecin qui me conseillait d'arrêter. J'ai eu peur de devoir abandonner.

En Italie, peu avant l'arrivée, le mal du pays s'est ajouté à des paysages moins inspirants et l'idée d'abandonner m'a traversé l'esprit.

 

Qu'est ce qui t'a motivé à continuer?

Je ne marchais pas que pour moi. J'avais des intentions de prières portées par chaque pas, et pour moi, interrompre le chemin, à mon sens, était comme interrompre un Notre Père, couper une prière!. C'est ce qui m' a permis de tenir. Et puis, en Italie, les rencontres ont été un vrai soutien.

 

Y a-t-il une rencontre en particulier qui t'a marqué?

Sophie, marcheuse belge, rencontré avant la Toscane. Nous avons marché une journée ensemble mais elle a apporté une nouvelle dimension à ma route: être connecté avec toutes les choses que l'on rencontre sur le chemin: personnes, endroits, objets du chemin... Les échanges étaient hyper simples et naturels. Elle m'a donnée envie de profiter du chemin d'une manière différente.

Un lieu, un paysage, une ville, qui restera gravé en toi?

Sur la route de Sienne à 300 km de Rome, la ville est prodigieuse avec beaucoup de stands avec des gens qui accueillent les pèlerins pour les aider.

 

Que cherchais-tu en marchant? 

Je cherchais quelque chose dont je pouvais être fier. J'ai vécu l'année jubilaire mais d'une manière différente des autres. Pas simplement je me rends à Rome en avion, on rigole bien et on s'en va! C'est tout le chemin qui a donné sa valeur à la destination.

 

Comment cette expérience a changé ta vie quotidienne ou ton regard sur le monde?

Ça n'a pas changer ma vie quotidienne. En revanche, j'ai rencontré des gens de tous les pays du monde! Des rencontres riches, on partageait un repas, des discussions. Il n'y avait pas de rivalité, pas de barrières de la langue, juste des gens qui faisaient le chemin ensemble et qui avaient un objectif commun et appréciaient partager entre eux! Cela reflétait ce que pourrait être la paix dans le monde! 

 

Peux-tu raconter ton arrivée à Rome?

Ma route s'est terminée sur la place Saint Pierre. J'ai passé 3 portes saintes, celle de Saint Pierre en premier.  Les derniers jours avaient été tellement durs que c'était étrange de réaliser que c'était fini. Un peu déroutant, oui, mais avec malgré tout une grande fierté.

 

Si tu devais donner un conseil à quelqu'un qui souhaiterait vivre cette expérience?

De vivre au jour le jour, de ne pas trop prévoir, se laisser surprendre, se laisser porter.

 

Que dirais-tu pour le mot de la fin?

Ce chemin a été un peu ce que j'espère pour ma vie d'adulte. Une ouverture au monde, un fort rapport à la prière et d'accueillir au jour le jour, se laisser aller au hasard des choses, se laisser surprendre par des choses qui paraissent insignifiantes: se faire inviter par un paroissien après la messe, d'une tarte citron meringuée ou de la place d'une ville...

 

Article publié par emmanuel canart • Publié le Jeudi 25 septembre 2025 - 17h01 • 17 visites

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